Il nous a fallu trois heures de route à partir de la sortie d’Etosha pour rejoindre la réserve d’Okonjima, notre étape suivante.
Okonjima est une réserve privée de 220km2 qui a évolué de simple ferme à sanctuaire pour guépards et léopards au début des années 90. Elle est également le centre de la fondation AfriCat qui se mobilise pour la préservation des félins en Namibie.Il existe plusieurs types de logement dans la réserve allant du camping dans le bush aux villas luxueuses. Nous avions réservé pour une nuit de camping mais en arrivant à l’accueil, les 7 nuits décevantes de camping d’Etosha ont eu raison de notre esprit aventureux et nous ont décidé à nous accorder un peu de luxe. Nous avons opté pour l’option intermédiaire au lodge avec dîner, petit déjeuner, recherche guidée de léopard et visite de la fondation AfriCat inclus.
Nous nous sommes allés nous installer en attendant le départ de notre tour guidé. Spacieux, joliment décoré et avec une grande baie vitrée qui donnait directement sur la réserve, on était au top dans notre bungalow!
A la recherche des léopards
Une des particularités de la réserve est l’étude des léopards. Il y en a une quarantaine dans la réserve dont 14 équipés de colliers. L’activité majeure d’un séjour à Okonjima est une sortie “tracking” avec un guide pour aller à la rencontre des léopards. Nous sommes donc partis en milieu d’après-midi avec Martin, notre guide, et 4 autres touristes à la recherche d’un félin avec une antenne UHF et une radio. Chaque félin a une fréquence dédiée pour pouvoir les identifier.
Cela parait facile comme ça, mais en réalité même en ayant les signaux UHF les chances de voir un léopard restent limitées. Non seulement ils sont particulièrement secrets, mais avec leurs tâches brunes, ils se fondent parfaitement dans leur environnement. Après plusieurs minutes de conduite et plusieurs tentatives de repérages, Martin a enfin capté un signal, preuve de son expertise car aucun de nous n’avons entendu quoi que ce soit. Guidés par les bips, nous nous sommes rapprochés de la zone où potentiellement le léopard se trouvait et Martin nous a demandé d’ouvrir grands nos yeux. Le signal était fort, même nous simples touristes pouvions l’entendre, preuve qu’un félin était dans les environs. La végétation était dense et il était difficile de voir entre les branches. Martin s’est avancé au maximum dans les buissons mais le félin était en mouvement. Nous avons fait plusieurs tours avant de finalement le trouver, tranquillement allongé à l’ombre sous un arbre.Nous sommes restés un petit moment à l’observer mais il était temps de repartir en direction du camp. La traque avait pris plus de temps que prévu. Nous avions à peine fait quelques mètres qu’un pneu a crevé. Nous avons dû tous descendre de la voiture en attendant que le pneu soit changé, et en surveillant nos arrières car le léopard était à moins de 100 mètres de nous. Nous ne faisons pas partie de son régime alimentaire mais il valait mieux être prudents!! Heureusement la roue a été changée (relativement) rapidement et nous nous sommes éloignés du léopard pour nous arrêter au bord d’un point d’eau pour un apéro coucher de soleil bien mérité.
Nous sommes ensuite retournés au camp pour un bon dîner que nous avons passé avec deux de nos acolytes, un couple de retraités anglais amateurs de voyages, qui avait des tas d’anecdotes à partager. Bon dîner, bon vin et bonne compagnie, la soirée a été excellente.
Découverte d’Africat et de la conservation des guépards
Le lendemain matin, l’activité proposée était la visite de la fondation AfriCat et un tour de la zone de conservation des guépards.
Martin nous a expliqué l’histoire de la réserve et de la fondation. Le propriétaire de la réserve était à l’origine un fermier qui a été rapidement confronté à des problématiques de co-existence entre le bétail et les animaux sauvages. Quand les félins se rendent compte de la facilité de chasser du bétail ils retournent rarement courir après les antilopes. Et quand leur territoire se réduit au profit de celui de l’Homme, la cohabitation devient difficile. Les fermiers en Namibie se sont mis à chasser et tuer les félins pour protéger leur bétail. De nombreux bébés guépards se sont retrouvés orphelins. Le propriétaire d’Okonjima a alors décidé de les sauver en les récupérant dans sa réserve mais l’affluence est devenue telle que la situation n’était plus gérable. Les guépards étaient trop nombreux et il devenait impossible de mettre en place une politique de conservation viable. Les relâcher une fois devenus adultes s’est également avéré inefficace, car les guépards n’arrivaient pas à survivre dans leur nouvel environnement.
La mission d’AfriCat a alors évolué. Plus aucun guépard n’a été récupéré, et seuls quelques uns nés dans la réserve ou trop vieux pour être relâchés ont été gardés. A la place, c’est toute une méthode d’éducation sur le vivre ensemble qui a été développée et mise en place. Il y aura toujours des animaux sauvages et c’est notre devoir de les préserver en arrêtant de les tuer, mais tout en donnant aux fermiers les moyens de préserver également leur bétail, souvent unique moyen de subsistence des familles. Des équipes sillonnent maintenant le pays pour donner des conseils et faire comprendre l’importance de ces méthodes aux habitants. Il s’agit parfois de choses simples comme mettre en enclos les petits veaux ou les bébés chèvres car ce sont les proies les plus faciles. Ces mêmes équipes sont également chargées de surveiller la faune et d’alerter les habitants lorsque des félins rôdent. C’est un travail de chaque instant qui prend du temps et mettra surement plusieurs années à porter véritablement ses fruits, mais des résultats prometteurs ont déjà été observés.
Après cette visite passionnante, nous sommes allés voir les enclos des guépards. On a beau savoir qu’ils ont été sauvés et qu’ils ne peuvent plus survivre en habitat naturel, l’expérience n’a pas été des plus mémorables. Les enclos sont grands mais pas suffisamment pour oublier les grilles qui les entourent. Voir ces animaux d’aussi près reste incroyable mais on aurait préféré les voir à Etosha que là. On le savait déjà mais cela nous a confirmé que les zoos et autres établissements où l’on peut voir des animaux sauvages “domestiqués”, c’était fini pour nous.
Electra et ses petits
Nous sommes rentrés pour le déjeuner où nous avons retrouvé le deuxième couple de notre excursion de la veille qui avait décidé de remplacer la visite d’AfriCat par une nouvelle traque léopard. Ils étaient hyper excités car ils avaient passés quasiment toute la durée de leur matinée avec une femelle, Electra, et ses deux petits. Autant dire que nous avons été bien jaloux à la vue des photos! On s’est regardé avec Eff, et il n’a pas fallu bien longtemps pour nous décider à rester une nuit de plus et soudoyer Martin pour traquer Electra l’après-midi.
Nous sommes partis avec une excitation visible qui s’est encore accrue quand Martin a repéré le signal d’Electra. Il était difficile à capter. Nous nous sommes arrêtés plusieurs fois pour mieux le localiser jusqu’à ce que Martin nous demande encore de bien ouvrir les yeux pour l’aider à repérer Electra. Il scrutait les lieux, les oreilles collées à sa radio. Nous et les quatre autres explorateurs étions à l’affût, et pourtant aucun de nous n’a vu les deux petits léopards qui nous observaient du pied d’un arbre situé à quelques mètres avant que Martin ne nous les pointe du doigt. La traque des léopards ce n’est pas pour les débutants…Ils étaient allongés sur le sol et curieux de notre présence. Martin cherchait Electra qui devait être dans les parages. Mais au son du signal, il semblait qu’elle était en mouvement. Nous avons redémarré pour aller la chercher mais sans succès. Les deux petits en ont profité pour bouger, à l’affût, comme s’ils avaient été appelés par leur mère. Nous les avons suivi mais ils se sont juste arrêtés plus loin, surement pour se cacher davantage de nous.
La traque d’Electra s’est poursuivie sur les bords de la rivière asséchée, quand nous avons repéré quelque chose dans un arbre: une antilope à moitié dévorée! Encore une preuve de la présence d’Electra, que nous avons finalement dénichée un peu à l’écart de sa proie. Enfin!! Au final, on a vu les trois membres de la famille mais pas du tout au même endroit. On a eu de la chance de voir les petits puisqu’ils n’ont pas de collier GPS. Cela a étonné Martin. En principe la mère aurait dû appeler ses petits après sa chasse, mais elle avait l’air de les tenir à distance pour une raison inconnue. Elle a ensuite émis comme des grognements qu’à priori les femelles n’émettent qu’en période d’accouplement. Martin a tout de suite pensé qu’un mâle devait être dans les parages, ce qui expliquait l’éloignement des petits qui risquaient d’être attaqués par ce potentiel rôdeur. C’était fascinant d’écouter Martin expliquer tous les comportements des léopards. On aurait pu passer encore des heures mais il était temps de retourner au camp.
Nous avons passé une dernière soirée tranquille après ce dernier safari du séjour. Il restait encore deux semaines pour finir notre périple et retrouver les paysages magnifiques de Namibie.
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