Notre cinquième jour était le dernier dans les environs de Namutoni. Le reste du séjour allait se passer vers Halali, plus au centre du parc. Nous avons donc commencé la journée par une boucle vers le nord. A notre premier stop au point d’eau de Klein Okevi, une hyène buvait tranquillement. Elle est ensuite passée devant nous pour repartir dans les buissons. Elle marchait lentement et avait l’air épuisée. La nuit avait du être difficile…A mi-chemin de Tsumcor, nous nous sommes arrêtés à hauteur d’une voiture de game drive stationnée au bord de la route. Nous avons cherché sans succès ce qui pouvait bien être dans le coin quand la guide nous a indiqué un chat sauvage africain, caché au pied d’un buisson. Waouh… Elle avait de bons yeux !! Même en sachant quoi et où chercher le chat était difficile à voir et elle l’avait vu en conduisant. Comme quoi, être guide c’est un vrai métier. Nous n’avons même pas eu le temps de prendre nos appareils photo qu’elle a reçu un appel de ses collègues restés près de Namutoni. Elle nous a dit de la suivre si on voulait voir une scène exceptionnelle, puis a démarré en trombe. Ni une ni deux, nous l’avons suivie, mais même en roulant largement au-dessus de la vitesse autorisée, elle nous a semés. Heureusement la scène était proche et nous avons rejoins un groupe de voitures déjà en place.
Un beau final à Namutoni
La scène était à la hauteur de nos espérances: trois lionnes et un lion avait chassé un gnou, et se reposaient près de leur proie. A tour de rôle, ils mangeaient leur part de viande fraîche, puis retournaient faire la sieste. Plusieurs chacals participaient au festin et des vautours tournaient dans le ciel en attendant leur tour. La nature dans toute sa splendeur ! Ils étaient trop loin pour une belle photo, alors nous les avons admirés aux jumelles, ce qui a autant de charme.
Nous avons ensuite pris la route direction Halali. La matinée nous a amené notre lot devenu habituel de gros troupeaux de zèbres et de gnous. On ne s’en lassait pas. Il y avait aussi des moments où plus rien ne se passait. Nous étions seuls au milieu de vastes plaines désertiques et vides de toute vie animale, quand une grosse masse mobile a attiré notre attention. Un rhino noir se promenait tranquillement. Il était magnifique avec sa longue corne. On a beau savoir que les cornes sont parfois coupées par prévention contre les braconniers, voir ces animaux intacts arborer fièrement leur atout est un spectacle incroyable. Ça m’a également remplie de mépris face aux actions absurdes et cruelles de certains humains. Mais ça c’est une autre histoire…Un peu plus dans la matinée, alors que la faune se faisait rare, nous avons aperçu une longue parade d’éléphants qui marchait en direction du prochain point d’eau. Il y avait au moins vingt membres, avec de nombreux bébés et jeunes. Nous avons filé au point d’eau pour les attendre et les observer de plus près. Ils sont arrivés les uns après les autres par petits groupes pour suivre leur rituel du bain : boire, se baigner avec allégresse, s’étirer les membres et se couvrir de poussière. Ce n’était pas notre première fois et pourtant la fascination restait intacte.
Note: Visiter Etosha en saison sèche est l’idéal pour voir la faune. Tous se rassemblent aux points d’eau, naturels ou artificiels, seuls endroits pour s’abreuver dans le parc. Cette année, la sécheresse était particulièrement sévère et certains points d’eau étaient asséchés. Cette situation difficile signifiait que nos chances de croiser des troupeaux étaient plus élevées.
Il faisait chaud, les plaines étaient plutôt vides ce jour-là. Seul un rhino faisait la sieste sous l’un des rares arbres. Nous nous sommes arrêtés pour déjeuner au seul coin pique-nique agréable du parc. Bien situé, avec des tables et des bancs sous un toit de chaume, c’était une belle découverte ! Bien évidemment, nous n’étions pas les seuls, et aller aux toilettes était une très mauvaise idée tellement la propreté laissait à désirer… Un enième exemple de manque de maintenance des équipements et installations du parc. Quel dommage. Un jeune éléphant se faisait les défenses sur le tronc d’un arbre, bien tranquille et indifférent aux touristes. Nous avons continué notre route pour aller nous installer à Halali où nous allions passer les trois prochaines nuits.
Après un dîner rapide dans un camp que nous trouvions toujours aussi désagréable, nous nous sommes dirigés au point d’eau pour un petit spectacle animalier nocturne. Bien installés sur des rochers surplombant le point d’eau éclairé, nous n’avons pas attendu longtemps avant d’avoir de l’action. Un rhino noir est arrivé et a fait le tour. Il buvait quand un second a pointé le bout de son nez. Les rhinos sont des animaux assez solitaires, ils apprécient peu la compagnie, et les mâles ne supportent pas la concurrence. Ils ont commencé à se grogner dessus et à se jauger agressivement. Mais l’un d’eux s’est imposé et a fait reculer le second, le chassant de l’autre côté du point d’eau. Le plus jeune a fini par complètement abandonner la partie et a disparu dans les buissons. Le dominant est parti également, et ce sont deux hyènes qui les ont remplacés. Nous étions sur le point de partir quand un autre rhino s’est montré. La soirée était plutôt mouvementée !
Festival de lions à Halali
Notre première journée autour d’Halali a été relativement calme. Les zèbres et gnous se faisaient moins nombreux, et la rhino road ne portait pas bien son nom. Tous nos espoirs se sont reportés sur le safari de nuit guidé que nous avions réservé la veille. Même si nous sommes adeptes du self-drive, l’expérience guidée est toujours enrichissante car nous adorons apprendre de nouvelles informations sur les animaux. Le safari s’est avéré fructueux. De nombreux rhinos noirs ont profité de la pénombre et de la tranquillité pour se montrer. Et en arrivant du côté du point d’eau de Rietfontein l’excitation est montée. Le guide nous a dit qu’un groupe de lions résidents se trouvait souvent près de ce point d’eau. Nous les avons cherchés sans succès, mais les espoirs étaient intacts car un autre groupe vivait entre Sueda et Salvadora. Le guide éclairait les buissons avec sa torche, cherchant activement un signe de présence des félins, quand soudain nous les avons trouvés : une lionne et plusieurs lionceaux allongés sur le sol au pied des buissons. Les petits jouaient tranquillement sous le regard protecteur de leur mère. Nous les avons observés quelques minutes, puis avons fait demi-tour pour retourner au camp, avec une seule idée en tête : être les premiers sur le départ le lendemain matin pour tenter de retrouver les lions résidents de Sueda.Nous avons repris la route de la veille, ne s’arrêtant pour aucun autre animal. Le guide nous avait dit que les lions étaient toujours dans les parages. Arrivés vers Salvadora, j’ai pris les jumelles pour inspecter les environs et j’ai repéré deux voitures de safari stationnées du côté de Sueda. Qui dit voiture avec guide stationnée, dit belle rencontre. Nous les avons donc rejoints et bingo, une première lionne était debout à un croisement, rugissant doucement comme pour appeler quelqu’un. Une centaine de mètres plus loin, il y avait deux autres lionnes avec trois lionceaux, qui ne devaient pas avoir plus de trois mois, et plusieurs jeunes. Les uns après les autres, ils se sont levés pour aller se recoucher dans des herbes plus hautes et ainsi se mettre à l’abri des regards. Une demi-heure après, tous allongés dans les herbes, ils étaient indétectables. Et effectivement, plusieurs voitures sont arrivées après nous et reparties aussitôt pensant que le coin était vide. Nous avons informé certains de la présence des lions, mais il fallait de la patience pour attendre que l’un d’eux se relève ou bouge une oreille. Et globalement les gens ne sont pas très patients.Satisfaits de notre stratégie matinale, nous avons continué notre journée en direction de Okaukuejo, le camp principal, où nous comptions déjeuner. Sept kilomètres avant le camp, au point d’eau de Gaseb, nous avons été surpris de voir des dizaines de voitures et de bus stationnés. C’était la première fois depuis notre arrivée que nous avons été frappés par l’affluence. On sentait bien que l’on était proches de l’entrée principale. Cela a été un choc.
Note: Halali est un camp certes peu agréable, mais sa position centrale est un atout car les safaris à la journée n’ont pas le temps de s’y attarder. Il y a donc moins de monde autour et on a plus d’opportunité de se retrouver seul au milieu de la nature.
Nous avons pris notre tour dans la queue pour voir la scène. Mais il y avait tellement de monde qu’on ne voyait rien, et l’attente dans ces conditions était insupportable. Nous avons fait demi-tour et sommes allés faire une pause à Okaukuejo en comptant sur l’heure du déjeuner pour disperser les foules au point d’eau. Cafés et sandwich avalés, nous sommes repartis. Il y avait moins de voitures, et nous avons pu nous glisser en face de l’action après seulement quelques minutes. Plusieurs jeunes lions étaient autour du point d’eau, la face rougie de sang. Leur repas était à distance, où un gnou était dégusté par des lionnes. Elles étaient trop loin, donc notre attention s’est portée sur les lionceaux et l’activité autour d’eux. Des troupeaux entiers de gnous, de zèbres, d’oryx, de springboks et même d’autruches faisaient la queue pour aller boire. Mais tous se méfiaient des lions malgré leur petite taille. Un oryx a tenté une approche, mais a vite fait demi-tour quand l’un des lions s’est levé. Cela a créé un petit mouvement de panique dans les troupeaux, qui se sont éloignés de quelques pas. Les lions jouaient ou faisaient la sieste. Puis l’un après l’autre ils sont partis, surement appelés par leurs mères qui commençaient à s’éloigner dans les plaines.Nous avons repris notre route direction Halali, contents de notre journée mais malgré tout un peu frustrés du monde sur la deuxième rencontre. Être quasiment seuls comme nous l’avions été le matin laisse un sentiment d’authenticité et d’exclusivité bien plus inoubliable.
Nous sommes retournés au point d’eau du camp pour notre dernier soir. Le festival de rhinos noirs a recommencé. Une mère et son bébé sont venus boire, puis deux males sont arrivés de différentes directions. La tension est tout de suite montée. Un des mâles a dominé le second, qui est resté en retrait pendant le reste de la soirée. Il a ensuite essayé d’impressionner la mère qui ne s’est pas laissé faire. Elle a barri bruyamment, tentant de repousser les avances du mâle. Il a fait mine de capituler pour quelques minutes, puis est revenu à la charge. La mère en est venue « à la corne », et les deux ont entamé une démonstration de force. Mais une mère protectrice semble avoir plus de poids, et elle a finalement gagné la bataille. Le mâle a cédé sa place et a laissé la mère et l’enfant boire et partir tranquillement. Décidément, ces soirées au point d’eau ont été fructueuses ! C’est vraiment un incontournable pour tout séjour dans ce parc.
Un final magique
Dernière nuit, dernière matinée, nous devions être sortis du parc avant le déjeuner pour rejoindre notre prochaine étape. Cela faisait une semaine que nous étions là, mais on aurait pu y rester encore plus longtemps tellement ce parc était beau et magique. Nous avons opté pour la même stratégie que la veille et avons filé directement vers Sueda et Salvadora dans l’espoir de voir le groupe de lions résident une dernière fois. Même stratégie, même tactique, on a d’abord repéré les voitures de safari, et bingo ! Encore gagné ! Le même groupe était là, avec encore plus de membres et surtout beaucoup plus actifs que la veille. Il y avait au moins 4 lionnes et une bonne dizaine de lionceaux de tous âges. Les petits jouaient et couraient, et tous étaient en mouvement. Les lionnes menaient la marche, les petits suivaient, chacun à son rythme. Une des lionnes était celle qui avait les trois bébés. Elle ne les quittait pas des yeux pendant qu’ils gambadaient fièrement.Ils sont passés par-dessus une petite colline et nous les avons perdus de vue un instant. Nous avons fait demi-tour, pour les retrouver plus loin sur la route. Ils se sont tous approchés des voitures – nous étions seulement trois autour -, certains se prélassant sur la route, d’autres jouant à la bagarre. Un lapin a eu le malheur de passer par là, et les lionceaux se sont mis en mode chasse sous le regard acéré de leurs mères. Davantage d’entrainement était requis avant de pouvoir passer à l’étape suivante car le lapin s’est carapaté sans problème.
La mère et les trois bébés sont allés s’installer sur un rocher. Un spectacle de plus d’une heure s’en est suivi. Les petits s’amusaient à descendre du rocher pour se mettre dans un trou, d’où la mère a dû difficilement les sortir plusieurs fois. Elle ne pouvait pas se glisser entièrement dans la cavité, et devait donc plonger la pate pour essayer de remonter ses petits. Elles les ramenaient sur le promontoire, mais l’instinct de découverte étant plus fort, ils repartaient systématiquement à l’aventure. Ils étaient vraiment mignons et attendrissants.C’était magique d’assister à tout ça à seulement quelques mètres et on ne voulait plus partir. Nous sommes restés là au maximum, mais avons dû nous résoudre à quitter ces fauves magnifiques. C’était une dernière rencontre inoubliable et un final explosif d’une semaine de rêve. Etosha a délivré bien au-delà de nos attentes. Le parc est magnifique avec ses paysages lunaires et désertiques, sa faune abondante et ses nombreux points d’eau où toutes les rencontres sont possibles. Il reste sur notre liste car on sait déjà qu’on y retournera pour explorer la section ouest.
Mais avant ça, les aventures en Namibie continuaient.