29 avril, nous avons quitté Kyushu. Plus que 3 jours pour profiter, car nous devions rendre le van le 3 mai à Osaka, pour un décollage le 4 de Narita. La fin était proche…
Opération Fugu
Après être sortis de Kyushu, nous nous sommes dirigés vers Shimonoseki, la capitale du fugu, ce fameux poisson qui peut être toxique. Les chefs doivent passer un diplôme spécifique pour être autorisés à le cuisiner. Il vaut donc mieux bien sélectionner son restaurant pour aller en déguster !! Cela nous faisait faire un détour mais l’occasion etait unique. Tant pis si la météo était aussi exécrable qu’à Kyushu… Sauf que..
Golden Week, pas de réservation de restaurant, tout était fermé, et surtout le restaurant que Eff avait noté dans le programme, qui se trouvait au fin fond du port de commerce. On est retourné dans le centre ville, où tout était fermé aussi, sauf un boui boui qui servait tout sauf du fugu. Échec lamentable de notre opération fugu…
Surprenante préfecture de Yamaguchi
Plutôt déçus, nous avons repris la route, sous une pluie battante, avec l’idée d’avancer au maximum, car foutu pour foutu, autant se rapprocher le plus possible d’Osaka. La journée était longue et l’objectif ambitieux, c’est donc fatigués voire énervés que nous avons décidé de sortir de la voie rapide pour un stop onsen. Le hasard nous a conduits à Yuda Onsen, près de la ville de Yamaguchi.
Yuda Onsen s’est avérée être une ville relativement grande, avec de nombreux hôtels, et avec un important tourisme japonais. Encore Merci Golden Week!(Attention, cette phrase va devenir le fil conducteur du récit, nous allons donc utiliser l’acronyme EMGW à partir de maintenant …)
N’ayant aucune envie de reprendre la route, nous avons tenté le tout pour le tout, en faisant du porte à porte d’hôtels, avec l’infime espoir de trouver une chambre disponible. Et là, miracle! Nous en avons trouvé une, format de poche au tarif grand format pour ce que c’était, mais tant pis… Notre santé mentale valait bien ça!! Et effectivement, cette pause nous a fait un bien fou. Ça nous a aussi permis de découvrir les Kawara soba, une spécialité locale. Il s’agit de nouilles au thé vert, servies sur une plaque chaude, avec de l’omelette râpée, et des petites tranches de bœuf. On a eu un peu peur car ce n’est pas très appétissant visuellement, mais c’était un délice !
Une bonne nuit réparatrice plus tard, nous en avons profité pour visiter les trésors de Yamaguchi, réputée pour être la Kyoto de l’Ouest. Première étape au temple de Rurikoji et sa pagode à 5 étages, puis arrêt au jardin zen Sesshutei dans le temple Joeji. Les 2 endroits sont extrêmement paisibles et relaxants. Belle surprise, surtout en cette période, EMGW.
Autre arrêt imprévu à Hofu pour son Tenmangu Shrine, oú les Japonais commençaient à célébrer la prochaine abdication de Akhihito. Sur les marchés du Shrine, les Kanji de Heisei (平成), le nom de l’ère qui se terminait, était formé par une composition de fleurs savamment disposées.
Notre découverte de la préfecture de Yamaguchi s’est terminée à Iwakuni. Eff voulait s’y arrêter pour le Kintai bridge, un pont en bois avec une structure en arches datant de 1673. Mais nous sommes tombés sous le charme de l’ensemble du site, oú les maisons traditionnelles restaurées se mêlent aux temples, de part et d’autre d’un canal bordé d’azalées. On peut aussi visiter le château perché sur la montagne, mais nous ne l’avons pas fait. On a préfère la visite du musée du serpent blanc. Ben on n’aurait pas dû…
La pluie battante qui a repris, accessoirement pendant notre traversée du pont Kintai, nous a dissuadés de prolonger la visite. Mais nous étions quand même ravis de cette étape.
Préfecture d’Hiroshima
Nous avons repris la route, et filé jusqu’à Itsukushima. Nous avons eu la chance de pouvoir prendre l’un des derniers ferry voiture pour l’île. Ouf! Car nous avions prévu de rester sur place pour la nuit. Itsukushima est plus connue sous le nom de Miyajima. C’est ici que l’on trouve le fameux Tori dans l’eau, devenue un emblème touristique international.
A la sortie du bateau, nous nous sommes engouffrés dans les rues, et avons pris une voie interdite de 8h a 17h30. Totalement ok quand il est 17h36 n’est-ce pas?! Ben en fait non… Nous nous sommes retrouvés à rouler dans des rues bondées de touristes, sans aucun échappatoire possible. Un peu honteux, nous sommes passés devant le grand temple, devant le Tori, et dans les rues habituellement piétonnes, sous les regards au choix indifférents, étonnés ou courroucés des touristes.
Nous sommes enfin retournés près du port, où nous avons attendu un peu que l’orage se calme, et que les visiteurs du jour repartent en ferry. L’avantage d’être à contre-courant c’est qu’on peut profiter des lieux avec moins de monde. Le Tori orange au soleil couchant faisait un contraste saisissant avec le bleu nuit de la mer. Vraiment beau spectacle pour un nombre limité de spectateurs. Les rues bondées moins de 1 heure avant étaient vides, le choix de restaurants un peu limité, mais la petite izakaya où nous avons dîné était bien sympa.
Nous avons passé la nuit de l’autre côté de l’ile, dans un endroit où seuls les locaux viennent manifestement se poser. D’ailleurs il y a de petits bungalows à louer, avec possibilité de faire des barbecues. Cela peut être une bonne option pour avoir un aperçu de Miyajima différent de l’habituelle excursion à la journée. Nous étions à la première heure au temple d’Itsukushima, et heureusement!! Nous avons fait un peu la queue, mais rien à côté de ce qui attendait les visiteurs à la journée, car à 9h du matin, la queue commençait déjà depuis le ferry, soit à 1.5 km de distance!! Oui, oui, EMGW… 1er Mai, date d’avènement de la nouvelle ère, les Japonais se sont déplacés en masse vers ce lieu sacré. Nous étions soulagés d’avoir pu visiter le temple tôt le matin, et profiter encore une fois du Tori et des biches.
Miyajima est une étape majeure des circuits touristiques du Japon pour une bonne raison. Il y a bien plus que le Tori à visiter, et son ambiance est vraiment spéciale. A recommander, mais pas pendant Golden Week…
Après Miyajima, autre étape incontournable: Hiroshima. Nous avons pris une grosse claque… Nous avons commencé par le Memorial parc, et son fameux dôme seulement partiellement détruit par la bombe atomique. Il se situe juste à côté du point d’impact. Sachant que la ville a littéralement été radiée de la carte sur un rayon de 2km autour du point d’impact, le dôme “survivant” relève du miracle. Il a été gardé en mémoire de ce jour abominable, et dans l’espoir qu’il n’y en aura plus jamais d’autre. Cette décision a été clivante. Beaucoup de survivants voyaient cela comme un rappel quotidien de l’horreur vécue.
Nous avons dû faire la queue (EMGW…) pour le musée. Sa visite est difficile et poignante. Il y a des images prises juste après l’explosion, de nombreux témoignages, écrits ou dessinés, pour ceux qui ne pouvaient pas mettre de mots sur ce qu’ils ont traversé. Ils ont toujours en tête des images insupportables, que personne ne peut imaginer. Les témoignages décrivent des scènes spécifiques, mais ce que nous ne pouvons pas mesurer, c’est l’ampleur de l’impact. 70,000 morts, 140,000 en comptant tous ceux qui sont décédés des effets secondaires.
Le pilote américain a reçu une médaille pour sa mission rendant sa maman fière. Cette ironie m’a fait réfléchir sur la nature humaine. Toutes les atrocités qui ont été commises, et qui continuent à être commises, au nom de religions, ou juste parce que des individus aux egos démesurés jouent à qui a la plus grosse. J’avais mal au coeur. A cause des images, et à cause de tout ça, car malgré tous les musées et autres parcs du souvenir, il y aura toujours des tarés quelque part dans le monde pour reproduire ces actes abominables.
C’était la minute sombre. Et cette fois Golden Week n’y était pour rien!!
Nous avons continué notre visite de Hiroshima en passant par le château, et en allant au bain public, histoire de se changer les idées. Une okonomiyaki plus tard, il était temps de repartir et d’aller se poser pour la nuit.
Notre dernière journée a bien commencé. Arrêt à Tomonoura, joli port et petite ville traditionnelle aux rues étroites et aux nombreux temples. Nous y avons passé une grosse partie de la journée, en flânant et en profitant des derniers instants.
Une fin mouvementée
Les derniers jours ont été épiques et pas du tout mémorables. Du moins on n’a pas envie de s’en souvenir!!
Au vu des derniers jours sous beaucoup de pluie, des soirées van difficiles (j’y reviendrai un jour…), J’avais envie de passer notre dernière soirée au Japon à Tokyo, dans un endroit cosy, à bien boire et bien manger. Nous nous sommes donc arrêtés dans une gare pour réserver des billets de train. Sauf que, EMGW oblige, plus aucun train de disponible de toute la journée. Sachant qu’il y en a toutes les 10 minutes entre Osaka et Tokyo, ça faisait du monde en transit!!! On a été idiots, on aurait dû le savoir, et on aurait pu réserver le train 2 mois avant, quand on avait eu nos billets en poche pour la prochaine destination.
Seule autre option possible pour rejoindre Tokyo, le bus de nuit. J’étais dégoûtée… Et là tout s’est enchaîné: une nuit dans l’endroit le plus pourri qu’on puisse imaginer. L’aire d’autoroute. Vous avez bien lu… Nous non plus on n’y croyait pas. On a enfin lâché notre van le lendemain matin, avec un plaisir non dissimulé, car ni Eff ni moi n’en pouvions plus, puis nous nous sommes posés dans un café à Osaka proche de la gare routière dans l’attente du bus. On avait juste envie que ça se termine. Cerise sur le gâteau : le bus n’avait rien à voir avec celui de l’aller. On était hyper mal installés et on n’a pas fermé l’oeil du trajet. Comme quoi le voyage ce n’est pas toujours le paradis!!!
A l’arrivée à Tokyo, nous avons pu profiter de l’hôtel (non annulable) que nous avions réservé avant de savoir que les trains étaient complets. Au moins ça a eu du bon! On a refait nos sacs, tout bouclé, et sommes allés déjeuner avec notre copine YV. Petite terrasse au soleil, petit verre de vin, super compagnie. Un vrai bonheur! Mais il était temps de dire au revoir à Tokyo et au Japon. J’avais le cœur serré, Eff moins car il est persuadé qu’on reviendra.
On adore ce pays, la culture, les gens, sa nature, et ses saisons magnifiques. On aurait souhaité que ça dure plus que 2 ans, mais on a déjà une chance incroyable d’avoir vécu cette aventure. Merci Japan ❤️❤️❤️
Et maintenant me demanderez-vous?! Maintenant ce sont les vraies aventures qui commencent. Verres de champagne en main, bien installés dans notre classe Business, un grand sourire aux lèvres, on part en Polynésie Française !! Tahiti, Moorea, Huahine, Maupiti, Rangiroa et Fakarava, nous voilà !!!