Avec Maupiti derrière nous, il est temps de quitter les îles de la Société et de filer vers l’archipel des Tuamotus. Les options pour passer d’un groupe d’îles à l’autre en avion sont limitées et toutes les routes ou presque passent par Tahiti. C’est l’occasion de revoir Heiata et Olivier pour déjeuner et de suivre Tehani à sa répétition de dance pour le Heiva des écoles. On finit nos quelques heures de transit à la marina de Papeete avant de prendre notre vol pour Rangiroa en fin d’après-midi. C’est toujours un peu la roulette russe pour choisir le côté de l’avion où s’asseoir pour profiter du survol des îles. Au moins avec un vol de nuit la question ne se pose pas. Soixante minutes de vol, c’est la liaison la plus longue qu’on ait eu à faire jusqu’à présent. On se pose de nuit à deux pas de la fameuse passe de Tiputa où nous devons plonger le lendemain.
Samedi 18 mai, l’envie de plonger n’est plus là. On annule au dernier moment. On vient d’apprendre que l’océan Pacifique qui nous a bercé toute la nuit nous a pris notre ami et complice quelque part de l’autre côté du grand bleu, au Salvador. Moi je vous le dit, le karma c’est une vraie escroquerie. Il est où le karma pour tous ces gens qui vous emmerdent toute la vie. Jérôme, on devait se retrouver quelque part entre la Polynésie et l’Afrique histoire de faire un bout de chemin ensemble encore une fois, de faire les cons et de refaire le monde à l’apéro. Tu me manques mon Jérôme.
Show must go on, comme on dit. Après un samedi après-midi calme et un détour rapide chez l’unique coiffeur de Rangiroa, on part le dimanche pour le lagon bleu, une excursion à la journée organisée par la pension Cécile.
C’est un petit lagon niché au coeur du lagon, un endroit de toute beauté baigné par les eaux turquoises de Rangiroa et bordé de petits motus au sable blanc et parfois rose. On fait un premier arrêt à une toute petite encablure de notre motu pour nager au milieu des requins pointes noires et citrons. Tout le monde sur le bateau n’est pas forcément excité par l’expérience mais Vee et moi sommes déjà équipés de nos palmes, masque et tuba avant que le bateau ne s’arrête. Il y a quelque chose qui nous fascine chez les requins. On n’est pas déçu car on se retrouve vite entouré d’une quinzaine de pointes noires avec qui on passe un bon moment. Les requins citrons sont plus distants et restent par 10 ou 12 mètres de fond. Le bateau ancré, on débarque sur notre motu pour y passer l’après-midi. Le peu de fond nous oblige à finir à pied au milieu des jeunes pointes noires qui font à peine 50 centimètres de long. Pendant que notre capitaine et hôtesse préparent le repas, Heio notre guide et entertainer pour la journée nous emmène explorer les motus voisins. On croise un bout de terre où nichent les sternes blanches et noires. Un peu plus tard, Heio nous fait une démonstration de tissage à partir de feuilles de palme. Tout y passe, panier, chapeau et dessous de plat. On admire sa dextérité et Vee hérite d’un joli chapeau pour les jours à venir.
Le déjeuner est polynésien en saveurs et quantité, on ne se lasse jamais d’un bon poisson cru au lait de coco. Chansons et musique polynésienne accompagnent le repas, là encore on ne se lasse jamais des reprises de tubes tels que “Meunier tu dors” ou “A la queue leu leu”… On finit par un cours magistral sur comment ouvrir une noix de coco à la main. Heio s’y reprend à deux fois, les autres regardent et ne s’aventurent pas à essayer, surtout pas moi qui me suis déjà cassé la main sans succès à Maupiti. Juste avant de rentrer à Avatoru, on fait un dernier stop dans la passe pour profiter du courant rentrant et faire une dérive dans l’eau au milieu des poissons. Ainsi se termine une super journée dans un petit coin de paradis.
On met les pieds au centre de plongée de bonne heure lundi matin pour un refresher. Comme notre dernière plongée remonte à plus de 6 mois, il faut faire un petit cours de rappel dans pas trop d’eau on ne sait jamais. Vu qu’on est certifié PADI (organisme américain) on sent comme un petit dédain de la part des guides de palanquées tous certifiés CMAS (fédération française), et c’est la première fois qu’en moins de deux minutes la conversation tourne très technique, très chiante. C’est limite si on doute du fait que notre masque qu’on a acheté et avec lequel on plonge depuis plus de 6 ans est adapté à notre visage. Equipés comme il faut on saute dans le bateau avec Denis notre guide et instructeur pour le cours de rappel. Posés à 4 mètres de fond, nous voilà repartis pour les exercices de base à savoir retirer et remettre son détendeur, vider son masque et ainsi de suite. On enchaîne par une plongée d’une heure dans le lagon abrités du courant de la passe par un petit motu. On y croisera un bon groupe de requins à pointes noires. En termes de variété et de couleur, les coraux ne sont pas plus impressionnants que ça. Notre refresher en poche, on rentre déjeuner à notre pension avant de plonger à nouveau en fin d’après-midi quand le soleil se couche.
La passe de Tiputa est connue pour sa faune résidente. Suivant les conditions de courant, entrant ou sortant, les plus chanceux peuvent voir et approcher grands dauphins, requins marteaux et tigres. Nos attentes sont très élevées forcément! Et on n’est pas déçu pour cette première plongée sur les extérieurs de la passe. Le courant étant sortant, on est limité au récif en sortie de passe à moins de vouloir être repêché en pleine mer après l’une ou l’autre heure de dérive. Au final ce sont les conditions parfaites pour l’observation des grands dauphins ou tursiops de leur petit nom scientifique. Rangiroa héberge une petite population résidente qui n’hésite pas à s’approcher des plongeurs. Et la chance est avec nous ce jour là, un petit groupe de dauphins vient au contact. Ca ne dure pas longtemps, l’une ou l’autre minute mais l’instant est magique. Avoir le dauphin face à face, pouvoir le caresser quand il demande à l’être sont des moments dont on rêve quand on est plongeur. Cette première plongée à Rangiroa nous a offert tout ça. On est aux anges et on remonte à la surface avec une banane d’enfer. Le reste de la plongée? Je ne m’en rappelle plus, ce moment où je regarde le dauphin dans l’oeil a éclipsé tout le reste!
Lorsque le courant sort de la passe, les requins restent en profondeur et ne sont visibles que de loin. Ils remontent à des profondeurs accessibles quand le courant rentre. L’idée c’est donc de pouvoir alterner les types de plongée pour profiter de tout ce que la passe à offrir. L’alternance des courants est globalement rythmée par les marées mais ça serait trop simple. Le niveau de remplissage du lagon, la houle et le vent joue aussi leurs cartes. La nature ne joue pas en notre faveur cette semaine et on n’aura pas de courant rentrant de tout notre séjour. On se contentera de quelques requins gris et autres pointes blanches de lagon mais de loin seulement. Restent les dauphins qu’on apercevra de plus ou moins près à presque toutes nos plongées, la maman et son petit remportant la palme de l’instant mignon à chaque apparition.
On n’a certainement pas eu les conditions optimales pour apprécier la passe de Tiputa à sa juste valeur mais pour moi l’endroit est loin d’être le meilleur du monde. Bien sûr si on habite sur place et qu’on plonge tous les jours ou presque on aura forcément un cumul de rencontres sous-marines qui rendront jaloux tout plongeur mais quand on y est juste de passage je trouve qu’on dépend trop de la chance pour avoir des plongées marquantes. Les coraux sont très abimés et le nombre et la variété de poissons sont faibles. Et si les dauphins manquent à l’appel les plongées avec courant sortant sont vite ennuyeuses. On a donné sa chance à l’endroit qui nous l’a bien rendu avec cette première plongée inoubliable mais tous nos espoirs sont maintenant reportés sur Fakarava notre prochaine destination.
Pour ceux qui envisagent de visiter Rangiroa, n’oubliez pas de visiter la cave à vin où on peut déguster les vins blancs et rosé produits sur place. Rangiroa est le seul endroit de Polynésie où la vigne pousse avec succès et il faut dire que le Blanc de Corail ou le Blanc Moelleux sont bien agréables à boire, le rosé moins. A défaut de passer par Avatoru, les vins sont distribués partout dans le pays, ne manquez donc pas l’occasion de les déguster où que vous soyez.
Et pour finir sur une touche gastronomique, n’hésitez pas à aller dîner au Te Mao petit restaurant atypique pour la Polynésie où poisson cru, riz et frites n’ont pas le droit de cité sur la carte. Ici on redécouvre des saveurs plus de chez nous en petites proportions dans des assiettes thématiques joliment présentées. Patrick et Sophie sont adorables et ont réussi à créer un petit espace où il fait bon se poser et déguster un cocktail avant de passer à table. L’essayer c’est l’approuver et ainsi se termine notre premier stop dans l’archipel des Tuamotus.