Nous étions le 31 août et notre séjour au Botswana touchait déjà à sa fin. Dernière étape: le parc national de Chobe où nous avions prévu de passer 3 jours.
Découverte du parc de Chobe à partir de Muchenje
Nous avons fait une dernière boucle à Linyanti avant de prendre la route. Nous avons cherché le lion que nous avions entendu la veille et une partie de la nuit, mais sans succès. Les éléphants étaient enfin partis se promener, et nous avons cette fois fini la boucle sans encombres, en profitant des little bee-eaters colorés juchés sur les branches et des mangoustes à rayures qui nous observaient à distance. Il nous a fallu 3 heures pour rejoindre Muchenje, notre étape intermédiaire avant Kasane. Nous avons retrouvé une route bitumée pour le plus grand plaisir de Eff et de nos fessiers. Un peu de confort de conduite ça fait du bien!! Et en parlant de confort… L’emplacement de camping que nous avions réservé s’est mué en cottage avec un vrai lit, une salle de bain et tout le matériel de cuisine nécessaire à un vrai bon repas. C’est fou comme les perspectives peuvent changer. Ce que l’on considérait être basique encore quelques mois avant était devenu un luxe dont nous n’avons pas hésité à profiter. Il faut savoir se faire plaisir de temps en temps!!
Après une longue pause et une bonne sieste, nous avons repris la voiture pour un premier safari dans la partie ouest du parc de Chobe. Les premiers kilomètres dans le parc ont été un dur retour à la réalité… Trois kilomètres de conduite tortueuse sur une piste de sable pleine d’ornières a failli venir à bout de la patience de Eff. Heureusement l’arrivée sur les bords de la rivière a été un grand soulagement. Le paysage et la lumière sur la rivière étaient à couper le souffle, et la piste beaucoup plus agréable à suivre. De nombreux baobabs bordaient la piste, des troupeaux d’impales et de kudus s’abreuvaient dans la rivière, et de nombreuses espèces d’oiseaux et de cigognes profitaient des berges. Le niveau de l’eau était surement plus bas qu’à l’accoutumée, mais suffisant pour apercevoir des hippos et quelques éléphants. Nous avons admiré les couleurs du soleil couchant sur l’eau pendant un moment, puis avons pris le chemin de retour. Il était temps de sortir du parc avant la fermeture, et nous avions encore deux jours pleins pour découvrir ses trésors. Nous avons été ralentis encore une fois par un énorme troupeau d’éléphants. Tranquillement en train de savourer leur diner de Mopane, ils étaient de chaque côté de la piste, rendant notre traversée plus ardue, car de nouveau, il fallait faire attention aux petits, aux mères potentiellement agressives, et à tous les autres. Ca faisait longtemps, presque ça nous manquait!!! Heureusement la rencontre s’est bien passée et nous avons pu sortir à temps pour profiter de notre “soirée de luxe”.Excités par cet aperçu plutôt encourageant, nous nous sommes levés tôt pour être à l’ouverture du parc. Nous avons décidé de rouler un peu sur la route principale qui traverse le parc pour ne pas refaire la partie de la veille. Et quelle bonne décision nous avons prise! Moins de deux kilomètres après la Ngoma gate, le plus gros troupeau de buffles que nous n’avions jamais vu traversait la route. Il y en avait des centaines, faisant la queue en attendant leur tour pour traverser. Ils doivent avoir l’habitude des voitures, car chacun s’arrêtait sur le bord avant de traverser. Et quand un véhicule approchait, ils attendaient tranquillement qu’il soit passé avant de s’engager. C’était vraiment impressionnant! Comme ils s’éloignaient de la rivière, on était doublement content car c’était une occasion unique de les voir, surtout en si grand nombre.Nous avons bifurqué sur les pistes en direction de la rivière un peu plus loin. Les pistes étaient bien meilleures que la veille. Eff était ravi et moi aussi car il râlait beaucoup moins… Nos regards ont été attirés par une multitude de tâches rouges le long de la route. Il s’agissait d’une espèce de petits oiseaux que nous n’avions pas encore vue, les Southern carmine bee-eaters. Avec leurs plumage rouge carmin, leur masque noir et leur tête turquoise; ils étaient splendides. Mais aussi trop petits, trop rapides et trop loin pour avoir une belle photo. J’ai rapidement laissé tomber mon objectif pour les observer à loisir aux jumelles. C’était un régal pour les yeux, et une jolie façon de commencer nos aventures du jour.
Le reste de la matinée nous a apporté un lot de rencontres similaire à celui de la veille: éléphants, girafes, kudus, zèbres, impalas, babouins, roan antelope pour les mammifères et Southern ground hornbills, yellow-billed storks, hérons gris, blue waxbills et African fish eagles pour les oiseaux.
Disclaimer: Désolés mais nous ne connaissons que les noms en anglais… Et franchement après avoir vu certaines traductions dans le guide français du Kruger National Park, nous n’avons pas envie de les apprendre… Mais ça c’est une histoire pour plus tard.
Ce safari était donc tranquille jusqu’à ce que nous arrivions à une scène un peu perturbante. Un éléphant mort gisait au bord de la route. Il était encore fumant, preuve que les rangers l’avait brûlé peu de temps auparavant. Il est coutume de faire cela pour éviter la propagation de maladies sur le reste de la faune. Les rangers en profitent également pour récupérer les défenses afin de dissuader les braconniers. Pauvre bête… Je n’aimais plus trop les éléphants mais en voir un là dans cet état m’a bien fait mal au coeur.
Il commençait a être tard et la faim commençait à se faire sentir. Nous avons pris le chemin de la sortie. Quelle n’a pas été notre surprise de voir que la route était bloquée par un 4×4 ensablé avec deux touristes à bord. Leur guide nous a demandé si on pouvait les aider. Je suis donc sortie de la voiture et Eff a fait le tour pour garer notre voiture devant celle du guide. On a sorti les pelles et la corde, et il a essayé de les tracter. Mais notre voiture n’avait pas assez de puissance et Eff avait plus de risque de s’enliser lui-même que de sortir l’autre. Heureusement, un autre véhicule de game drive est arrivé. Il s’est positionné en diagonale plutôt que dans l’axe, et après plusieurs essais a réussi à tirer son collègue d’affaires. Les deux touristes étaient bien contents de pouvoir rentrer à leur hôtel, et Eff assez fier de son rôle dans ce sauvetage. Ca a confirmé qu’il était devenu plutôt expert en conduite sur sable, car l’enlisement ça peut arriver même aux meilleurs.Avec tout ça, on avait pris du retard, et nos estomacs criaient famine. Il était grand temps d’arriver à Kasane.
2 jours à Kasane
Kasane est la ville principale du nord du Botswana. Veritable hub touristique, c’est à la fois le principal point d’accès au parc de Chobe, la frontière avec le Zimbabwe et les chutes Victoria, mais aussi avec le nord de la Namibie. Pour nous, ça allait être tout ça, mais aussi un point de ravitaillement plus que nécessaire. Kasane est plus agréable que Maun, son alter ego au sud. Il n’y a pas grad chose de plus, mais l’agencement plus compact de la ville la rend plus agréable. Nous nous sommes arrêtés déjeuner dans un café cosy pour déguster un bon repas avec un petit verre de vin. Le bonheur se trouve dans les petites choses simples… Puis nous sommes allés nous installer à Nxabii cottages, la guesthouse qui allait être notre chez-nous pour les deux jours suivants. Situé un peu à l’écart de la ville, cet établissement est un petit bijou. Il est calme, joliment décoré, mais c’est surtout l’accueil chaleureux de Irene sa propriétaire qui en fait tout son charme. Nous avons été conquis tout de suite. Irene nous a aidé à organiser un safari avec un guide pour le lendemain matin. Eff avait en effet envie de se faire conduire pour une fois, et ça m’allait très bien.
En milieu d’après-midi, nous sommes repartis pour un self-drive. Nous avions un peu perdu l’espoir de voir des lions. On n’en avait vu aucun depuis le Kalahari et on commençait même à se demander si ce n’était pas un mythe dans la région. Mais Irene nous a encouragés car ses clients en avait vu une dizaine la veille. Dès l’entrée dans la parc côté est, la piste surplombait la rivière. Eff conduisait lentement, quand mon oeil a été attiré par une certaine activité sur la berge. Il y avait de nombreux véhicules de game-drive, tous arrêtés au même endroit, et d’autres qui semblaient rouler à toute vitesse pour se rapprocher de ce point précis. J’ai chaussé mes jumelles et crû voir un “rominet”. Ni une ni deux, on a foncé sur la berge nous aussi. Et elle était bien là, une lionne lascive tranquillement allongée le long de la rivière, à se faire dorer au soleil. Enfin!!!!! On l’avait bien attendue celle-là! Nous nous sommes posés à côté de la horde de voitures et avons attendu. Elle était vraiment belle dans la lumière, elle était un peu loin mais tant pis. Le vrai choc a été le monde. On avait oublié que ça pouvait être ça aussi le safari: des dizaines de voitures alignées pour mitrailler un même animal. L’expérience est tout de suite moins sauvage, et moins agréable. Nous sommes restés pendant un bon moment, dans l’espoir que la lionne se lève, mais la sieste se prolongeant, nous avons continué notre tour.Nous sommes retombés sur notre éléphant mort. Des centaines de vautours et de marabouts étaient sur la piste ou dans les arbres alentours. Ils s’étaient clairement donner rendez-vous pour un festin d’éléphant. L’état de pourrissement du corps s’était aggravé depuis le matin. Après avoir failli vomir en prenant une photo, Eff a décidé de partir, ne pouvant plus supporter cette odeur ignoble. C’était juste affreux. Nous sommes redescendus sur la berge pour plus de sûreté. Il y avait plein d’hippos dans l’eau et des crocs se prélassaient sur les rives. Le soleil couchant a donné des teintes flamboyantes à la rivière, sonnant l’heure de rentrer.Le guide nous a récupérés tôt le matin pour être aux portes du parc à l’ouverture. Nous étions ravis de voir que ce tour serait privé. Vu les voitures blindées de touristes que nous avions croisées jusque là, c’était presque un luxe d’être uniquement deux dans la nôtre. Par contre on a été moins ravis quand on s’est rendu compte que ça allait être un peu comme un tour à Disneyland. Tous les tours ont quasiment le même itinéraire et les mêmes horaires, on se retrouve donc très vite en file indienne sur les pistes. Et cela a été le cas quand notre guide a soudainement changé de cap et filé vers une nouvelle direction. Un duo de lions avait été aperçu dans les parages. On a filé jusqu’à ce qu’on ne puisse plus car nous étions à la queue d’au moins quinze véhicules. Horrible…. On ne savait pas exactement où étaient les lions, mais s’ils étaient devant, on n’avait aucune chance de les voir. Toute la troupe était à l’arrêt quand nous nous sommes engouffrés dans une petite clairière. Et là, juste en face de nous, pour nous tous seuls, un lion qui observait la faune humaine derrière les fourrés. Il n’avait clairement aucune intention de continuer son chemin au milieu de toute cette foire, et s’est couché pour attendre un meilleur moment, en nous regardant paisiblement. Quelle chance!! Nous sommes restés là quelques minutes, puis il a fallu laisser notre place. C’est le jeu ma pov’ Lucette. Nous avons cherché le deuxième mais il était caché derrière d’autres fourrés et surtout caché derrière plusieurs voitures. Nous avons abandonné et sommes partis à la recherche de nouvelles rencontres. Le reste du safari s’est déroulé sereinement, apportant le lot habituel de mammifères et d’oiseaux. La vraie différence d’être avec un guide est le côté éducatif de l’expérience. On n’apprend toujours des tas de nouvelles informations sur les comportements des animaux, et notre guide était une vraie mine d’or de ce point de vue là. Nous sommes rentrés hyper contents de notre escapade malgré le trafic à l’approche des lions. Au moins on en a vu, et on ne s’en lasse pas.L’autre façon d’explorer ce parc est par bateau. Nous n’étions pas très partants à l’origine, redoutant un afflux de touristes sur l’eau, mais nous nous sommes quand même laissés convaincre de tenter l’aventure dans l’après-midi. Après tout, on était venu pour ça, et on n’allait pas revenir de sitôt. Nous avons demandé à Irene de nous organiser un tour, et étions à l’embarcadère à l’heure dite. Nous nous sommes tout de suite rendu compte que l’expérience ne serait pas à la hauteur de nos attentes. Nous avons été ajoutés à un groupe de 8 sud-africains, manifestement pour compléter le bateau qui faisait 10 places. Sauf que les sud-africains étaient tous largement en surpoids, et qu’il a fallu toute la diplomatie du capitaine effrayé pour essayer de répartir le poids dans notre embarcation et assurer un minimum de sécurité.
Globalement le tour est agréable: on peut s’approcher de petites îles au milieu de la rivière où des groupes de buffles viennent s’isoler, on peut observer des hippos dans l’eau mais aussi sur terre, et voir des crocodiles de près. On a également une perspective différente de voir à partir de la rivière l’animation des berges causée par les groupes d’éléphants ou d’impalas. Aucun regret du point de vue animalier. Mais l’expérience en elle-même ne nous a pas beaucoup plu. Tout comme le game drive le matin, ce sont des dizaines de bateaux de taille plus ou moins grande qui s’alignent, tous suivant exactement le même itinéraire. Et pour couronner le tout, nos sud-africains étaient bruyants et irrespectueux. On se regardait avec Eff et on regrettait un peu notre vie sauvage des parcs précédents. Nous sommes rentrés sous un soleil couchant magnifique et avons profité de notre dernière soirée à Kasane.Cette dernière expérience au Botswana n’a certes pas été la meilleure, mais il y en a eu des exceptionnelles et des inoubliables qui nous ont donné envie de revenir dans ce pays extraordinaire. On a déjà un itinéraire en tête, et la prochaine fois, car c’est sûr il y aura une prochaine fois, on s’y prendra en avance pour organiser notre périple.
Merci le Botswana, on repassera dire au revoir vite fait en rentrant du Zimbabwe avant de retourner en Namibie.