Fakarava, ou “Faka” pour les intimes, est une réserve de biosphère de l’Unesco. C’est également le nouvel eldorado des plongeurs en Polynésie à cause de sa large population de requins gris dans ses 2 passes, Garuae au nord et Tumakohua au sud. La passe sud, située à 60 kilomètres de la passe nord, est uniquement accessible par bateau. Notre programme était donc de faire 4 nuits au nord et 3 au sud pour profiter au maximum.
Coup de cœur pour Faka nord
Plusieurs personnes nous avaient vanté les trésors de Faka, donc nos attentes étaient élevées. Après la déception Rangi, nous sommes malgré tout arrivés le 24 mai avec des attentes revues à la baisse. Nous avons été accueillis à l’aéroport par la chaleureuse Helga, avec le traditionnel collier de fleurs. C’est toujours agréable, et pratique aussi, car ça parfume la salle de bains pour plusieurs jours. Le trajet jusqu’à la pension nous a déjà donné un bon aperçu de l’île, beaucoup plus accueillante et belle que Rangiroa. Jolie végétation, belles plages de sable blanc et lagons turquoises, le coup de cœur a été immédiat. Il a été confirmé quand après nous être installés dans notre super bungalow, nous avons passé le reste de l’après midi sur le ponton, à siroter une bière en attendant les requins curieux, et en admirant le coucher de soleil.
Nous avons retrouvé dans notre pension un couple de plongeurs américains croisé a Rangiroa. Ils sont tous deux photographes sous-marins professionnels, et étaient commissionnés par un magazine pour un reportage sur la plongée en Polynésie. C’était hyper intéressant de discuter avec eux et de les voir travailler dans le lagon, gros appareils en main, essayant d’appater les requins avec des restes de poissons. Ça nous a aussi un peu refroidis car leurs 2 jours de plongée se sont avérés décevants. Comme à Rangiroa, le type de courant joue un rôle important dans la qualité des plongées, et ils n’avaient pas eu de courant entrant. On a croisé les doigts encore plus fort pour que les conditions changent d’ici la fin de notre séjour… Ils étaient aussi déçus par leur centre de plongée, mais heureusement nous avions choisi un autre club.
Marion, de O2 Fakarava, est venue nous rendre visite le soir, pour nous expliquer le programme plongée des jours suivants, et régler les details administratifs obligatoires. Rendez-vous pris pour le lendemain matin à 7h15. Elle est passée nous chercher à l’heure dite, et c’était parti pour 4 jours de pur bonheur! Le centre est super accueillant: long ponton en bois sur le lagon turquoise, deck avec vue magnifique. Nous y avons retrouvé Jérôme et Marie, un couple avec qui nous avions déjà plongé à Rangiroa, et avons fait la connaissance de Jean-Loup, notre guide.
Vingt minutes de bateau plus tard, nous nous mettions à l’eau et commencions la découverte des célèbres fonds de Faka nord. Et là, plongée extraordinaire! Entrée dans le bleu, j’ai senti l’excitation monter à la vue d’un requin, puis 2, puis 5, et finalement plusieurs dizaines arrivés à 25 mètres. On ne savait plus où regarder, il y en avait dans le bleu, le long du récif, et encore plus sur un promontoire où nous nous sommes arrêtés pour admirer leur ballet incessant. Tout ça le long d’un récif gorgé de poissons divers et variés. L’ambiance sous-marine était sereine, relaxante, belle. J’étais complètement dans mon élément.
L’intervalle de surface s’est déroulé dans le lagon, près d’une plage de sable blanc, à déguster des kouign-amann divinement bons. La deuxième plongée a été aussi belle, en particulier quand une raie manta est passée juste au dessus de moi. Un peu trop même, car elle a eu les ailes coupées sur la photo… Nous avons découvert le site Ali Baba, en plein milieu de la passe, où il y a une telle quantité de poissons que l’on se croirait sur le périph en heure de pointe! Nous sommes retournés au centre de plongée avec un sourire béat sur les lèvres, accueillis par Marion et un petit punch bienvenu. Déjeuner dans un snack local, et après-midi farniente, j’ai baissé les armes, conquise, follement amoureuse de l’endroit, que ce soit sur terre ou sous l’eau.
Le deuxième jour, nous avons également retrouvé Stéphanie, croisée au Ma’a du dimanche à Huahine, et à Rangiroa. Les plongées ont encore été inoubliables. Des dizaines de requins se sont disputé un poisson, créant une vague de panique entre eux, car ils allaient dans tous les sens, y compris sur nous. Puis nous nous sommes à nouveau retrouvés au coeur d’un énorme groupe de requins femelles. Un vrai bonheur! Retour au centre, punch, déjeuner, et découverte de la Paillotte, la crêperie locale. Super bien située, des crêpes excellentes, on avait trouvé notre QG pour la semaine.
Les deux autres journées se sont déroulées de la même façon, chaque jour apportant son gros lot de requins, son passage de raie manta, ses crêpes, son soleil et ses 50 nuances de bleu. On était tellement bien que le temps passait trop vite, et on en voulait plus. Notre départ pour Papeete était prévu le 31 mai, on n’avait pas encore de vol international pour quitter la Polynésie, et pourquoi ne pas rester plus longtemps à Fakarava?! Avant de partir pour le sud, nous avons décidé de tenter l’aventure. Malheureusement Air Tahiti n’a pas voulu changer notre vol, car le délai de validité de notre passe inter-îles aurait été dépassé d’un jour. On nous a suggéré de repartir à bord du Cobia, un des bateaux cargo de ravitaillement. Deux jours pour rallier Papeete, on avait le temps, et ca nous donnait un avant-goût pour des aventures potentielles en longue durée sur un bateau.
Comme nous devions partir pour Tetamanu, à la passe sud, Helga nous a proposé d’appeler le cargo et faire les réservations le cas échéant. Pour nous, c’était une heure et demi de bateau direction la passe sud. Nous avons fait le trajet avec Bertrand et Françoise, un breton et une réunionnaise qui vivent à Rurutu dans l’archipel des Australes, qui allaient devenir nos acolytes pour le séjour.
A la découverte du mur de Faka sud
Tetamanu est le seul village de la passe sud. Endroit vraiment reculé, bungalow rustiques, on est clairement au bout du monde! La concentration de plongeurs était plus dense, mais nous avons pu nous inscrire pour le lendemain matin.
La passe sud est plus étroite que la passe nord. Elle est réputée pour son mur de requins, dont la population a été estimée à 700 individus. Grosses attentes, mais résultat à la hauteur! Dès la premiere plongée, nous avons croisé des dizaines et des dizaines de requins. Le moment phare de la plongée a été la grotte, située à 28m de profondeur, où nous nous sommes posés pour admirer le passage des requins. Coincées à l’intérieur de la cavité, nos bulles ne pouvaient pas les effrayer, et nous les avons vu défiler à moins de 2 mètres de nous. Vu de dessous, il nous semblait assister à un défilé d’avions de chasse. On aurait pu rester là des heures, mais les contraintes de sécurité de la plongée nous ont obligés à remonter lentement. Pas de problème, un deuxième mur nous attendait à 15 mètres de profondeur, puis encore un autre à 10 mètres. Le pallier de sécurite à 4 mètres n’a pas déçu non plus avec quelques requins qui se promenaient dans le coin, embellis par la lumière vive des eaux peu profondes. Fakarava était officiellement notre paradis, au sud comme au nord. Nous avons plongé 3 jours, avec autant de bonheur et de plaisir, les requins étant immanquablement au rendez-vous. Quelques raies léopard se sont également montrées, et les remoras ont tenté sans succès mais avec beaucoup de persistance de s’accrocher à nous, nageant dans nos palmes et tournant autour des bouteilles. Ah les relous!
Tetamanu est l’un des rares endroits en Polynésie où l’on peut faire des plongées de nuit pour voir les requins chasser. Je n’étais pas enthousiaste à l’idée, j’ai donc laissé Eff y aller avec Bertrand le premier soir. Ils sont revenus avec une banane énorme, enchantés par leur experience. Ils m’ont convaincue d’en faire une le lendemain. J’ai demandé aux deux allemands baraqués avec qui on plongeait en journée si ça les intéressait. Rassurée d’avoir une bonne escorte derrière laquelle me cacher si besoin, je me suis inscrite.
Ca a été clairement la plongée la plus impressionnante! Eff m’avait dit qu’on voyait l’action de haut, et que les requins n’étaient pas si proches que ça. Sauf que… la veille, il y avait pas mal de poissons, donc de l’action, donc des requins occupés. Pour nous ça a été un peu différent… Pas de poissons, les requins que j’ai découverts plutôt nuls en chasse, se servaient de nos lumières pour les aider dans leurs recherches. On en avait donc au dessus, en dessous, sur les côtés et même en face. Ils venaient de toutes parts et nous frôlaient. On a beau savoir qu’ils n’aiment pas le sang humain et qu’ils s’en fichent de nous, l’adrénaline est au plus fort. Excitant, un peu effrayant, je suis remontée malgré tout enchantée, et avec la satisfaction du “Ca, c’est fait!”. Ce genre de plongée est plutôt controversé. Ca s’apparente à du feeding, puisque l’on montre la nourriture aux requins avec nos lampes. Il est en projet de l’interdire complètement en Polynésie. Bon, on l’a fait, on ne le refera plus et ce n’est pas plus mal…
Nos 3 jours sont passés super vite. Il était temps de repartir vers le nord, et avec un grand sourire, car nous avions eu nos réservations sur le Cobia. Séjour étendu de 5 jours, YEEEESSS!!!
Retour à Faka nord
Nous avons changé d’hôtel, et avons changé de standing dans la foulée. Bungalow joli mais plus rustique, pas de demi-pension, mais pas grave, on était bien installé quand même.
Nous avons repris notre routine: plongée chez O2 avec Marion, Thibaut et Jean-Loup, crêpes à la Paillote, farniente. Quand on aime, on ne compte pas! Les plongées ont encore été largement à la hauteur de nos espérances. Des dizaines de requins, un Ali Baba poissonneux, des ambiances sous-marines incroyables, et une experience avec le centre vraiment géniale. O2 est sûrement le meilleur club de plongée où nous sommes allés. Marion et Thibaut ont su créer une atmosphere familiale et conviviale (aaaah les kouign-amann et le punch….), dans une structure professionnelle et organisée. Jean-Loup, un guide qui vit à Fakarava depuis plusieurs années, connait la passe comme sa poche. Plonger avec lui est chaque jour une super expérience. Bref, on a l’impression de plonger avec des potes. Si vous passez à Faka, n’hésitez pas, c’est là où il faut aller!
On a bien rigolé sur certaines plongées. Entre le vieil instructeur, 30 ans de plongée derrière lui, qui a fait le yoyo pendant une heure et n’a pas su gérer le courant (chapeau bas pour le coup de palme de Thibaut pour aller le récupérer…), le polonais qui avait l’air de faire une ballade dans le parc, debout et mains dans le dos, et sa femme qui rampait au lieu de palmer, on s’est dit qu’on avait un niveau pas trop mauvais!
Les 3 jours sont passés à une vitesse folle. On ne devait pas plonger le dernier jour avant le bateau, mais j’en voulais encore. O2 était complet, je leur ai fait une infidélité en allant chez un concurrent, où j’ai retrouvé Jean-Loup. Eff a préféré faire la lessive. Pas de problème pour moi!!
Les plongées ont été au top comme d’habitude, l’experience globale un peu moins: centre moins accueillant, pas de punch au retour. Ok, je suis exigeante… Mais ce qui m’a vraiment refroidie, c’est quand un des guides m’a raconté son expérience sur le Cobia. J’avais le mal de mer en avance et me suis fait des noeuds à l’estomac en me demandant pourquoi on s’infligeait ça. Mais pas le choix, on avait signé pour cette “aventure”.
On a quand même bien profité de nos derniers moments à Fakarava. Crêpes, farniente, courses, et apéro coucher de soleil à la Paillote. C’était canon… On a adoré cette île magnifique où on a rencontré des gens géniaux, et où les plongées sont extraordinaires. Faka, on reviendra!!